L’économie de guerre correspond à la mobilisation des ressources d’un pays pour mener l’effort de guerre
Littéralement, l’économie de guerre correspond à la mobilisation des ressources d’un pays pour mener l’effort de guerre, en réorientant dans le cadre d’une planification autoritaire les matières premières, la production industrielle et la logistique vers les besoins des armées, mais aussi en rationnant la consommation tout en fixant les prix, les salaires et les taux d’intérêt. Une grande partie de la richesse du pays sert alors à financer l’effort de guerre.
Avec des dépenses de défense représentant à peine 1,9 % de son PIB en 2023, la France est loin de cette situation, même si les projets des gouvernements de l’Union européenne de financer et de mettre en place une défense européenne marquent un tournant dans ce domaine.
En attendant, nos dirigeants diffusent au sein de la population l’idée qu’un « effort de guerre » devra être engagé, auquel les citoyennes et les citoyens devront toutes et tous participer. Ils jouent ainsi avec les peurs pour justifier des diminutions de droits, au profit du patronat, l’enfant gâté des gouvernements successifs qui ont sévi ces dernières années, particulièrement sous la présidence d’Emmanuel Macron.
La protection sociale est attaquée et les 200 milliards d’euros annuels d’aides publiques aux entreprises, attribués sans ciblage, sans suivi et sans contrepartie, pèsent sur le budget national, sans jamais être remis en cause.
Il faut clairement stopper cette gabegie financière, dangereuse pour notre Sécurité sociale et sa viabilité. Pour le capital, il s’agit de maximiser les profits et le versement de dividendes aux actionnaires qui atteignent encore des records à l’instar de l’année 2024.
Le patronat et les libéraux ont en ligne de mire notre protection sociale en refusant, par exemple, d’abroger la réforme des retraites à 64 ans, en réduisant toutes les dépenses publiques sur le dos des salariés et des retraités et au détriment des services publics dont les conséquences conduisent à la précarité et à la paupérisation d’une part toujours plus grande de la population y compris laborieuse.
Les libéraux et l’extrême droite rêvent de pouvoir jouer en Bourse avec nos retraites.
Nous y sommes particulièrement opposés, comme nous sommes opposés à la remise en cause des 35 heures pour passer à 36 heures afin de financer le futur régime de retraite par capitalisation et les besoins militaires et industriels liés à l’économie de guerre comme l’a dit une partie du patronat.
L’effort de guerre a donc bon dos pour engager des politiques européennes et nationales régressives pour le monde du travail.
La boussole de compétitivité d’Ursula von der Leyen, vise l’affaiblissement des normes environnementales comme les droits des travailleurs. Depuis quelques années, des événements internationaux majeurs ont profondément bousculé la situation sociale, politique et économique. Avec la pandémie du Covid, une prise de conscience des faiblesses du modèle de l’UE a été démontrée, notamment pour faire face aux interdépendances globales.
La pandémie a révélé les impensés de la stratégie européenne « verte », elle a néanmoins conduit à des bougés importants dans le paradigme dominant de l’Union, avec un doublement du budget de l’UE entre 2021 et 2023, le premier prêt commun d’ampleur significative émis à l’échelle du continent, l’achat commun de vaccins, une solidarité entre les États centraux et périphériques et un plan de relance de l’investissement.
L’UE a montré, paradoxalement, qu’il était possible de rompre avec l’austérité budgétaire pour financer la transition climatique et énergétique du continent. Les mesures sont néanmoins bien en deçà des besoins pour répondre à l’urgence environnementale.
L’invasion par Vladimir Poutine de l’Ukraine a considérablement impacté le système énergétique européen.
La stratégie climatique de l’UE, qui misait sur une transition progressive des énergies les plus carbonées vers celles les moins carbonées, est percutée de plein fouet par les évolutions géopolitiques.
La nécessité de la paix est dans l’ADN de la CGT, parce que les travailleuses et les travailleurs sont les premières victimes des guerres et qu’il n’y a pas de progrès social sans paix. Les scientifiques du Giec eux-mêmes ont fait la démonstration que les enjeux sociaux sont liés aux enjeux environnementaux, et la guerre, pour l’environnement, est une véritable catastrophe.
Il faut mettre fin aux multiples conflits armés qui sévissent dans le monde, il faut plus de multilatéralisme sous l’égide de l’ONU, plus de coopération entre les États, plus de diplomatie, le respect du droit international et une paix juste et durable pour les peuples.
La CGT revendique un pôle public de défense placé sous le contrôle démocratique et la nationalisation des industries stratégiques.
Il s’agit aussi de pousser les États à sortir des attitudes et des postures belliqueuses pour construire une stratégie commune au plan européen au service d’une diplomatie et d’une défense basées sur le multilatéralisme et indépendantes de l’Otan.
Nous avons besoin d’un état stratège ambitieux pour notre pays, planificateur, à l’écoute de la société civile organisée et garant d’un dialogue social équilibré, prenant en compte la parole du monde du travail et des représentants des salariés.
Non pas dans la perspective d’une économie de guerre ou d’une société encore plus inégalitaire génératrice de tensions et de conflits, où les riches sont de plus en plus en riches et où le grand patronat fait la loi, mais dans l’anticipation vers une industrie et des emplois d’avenir, répondant à l’urgence climatique, sociale et démocratique, au bénéfice des travailleurs et des populations.